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Par thesaurus le 29 Août 2006 à 23:48
La vie est pleine de paradoxes. On vous a attribué le prix Cervantès alors que vous n'aimez pas sa langue, l'espagnol.
Je n'ai jamais dit cela ! J'ai pu dire que le français est une langue très belle, avec des tournures qu'on ne trouve pas ailleurs, comme les y dans « j'y suis, j'y reste » ou les en de « nous en reparlerons ». Mais nous avons, en espagnol, les verbes ser et estar, qui n'existent dans aucune autre langue, et qui séparent le métaphysique du contingent. Nous avons aussi une mobilité enviable des adjectifs et une construction plus souple de la phrase. Les Espagnols ont de quoi être fiers de leur langue. Mais ils ne savent pas la parler. Ils la prononcent comme s'il s'agissait d'une langue étrangère.
Alors, d'où vient cette opinion si répandue que vous n'êtes pas à l'aise en espagnol ?
J'aimerais qu'on me juge pour ce que j'écris, et non pas pour ce que j'ai pu dire. Ou pour ce qu'on m'a fait dire, car, par timidité, parfois je n'ose pas contredire mon interlocuteur. En revanche, lorsqu'on écrit, on corrige jusqu'à l'infini. En fait, cette opinion a été tirée d'une conversation avec Pablo Neruda, la seule fois où nous nous sommes rencontrés. Pendant deux heures, nous avons joué à nous épater. Il m'a dit : « On ne peut pas écrire en espagnol. » Je lui ai répondu : « Vous avez raison, c'est pour cela que personne n'a jamais écrit en cette langue. » Alors, il suggéra : « Pourquoi ne pas écrire en anglais ou en français ? - Bon, mais sommes-nous sûrs que nous méritions d'écrire dans ces langues ? » Alors nous avons décidé qu'il fallait se résigner à continuer d'écrire en espagnol.
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Par thesaurus le 27 Août 2006 à 12:19
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